mardi 13 avril 2021

Au Presbytère

 Ça fait longtemps que je n’ai plus rien déposé ici. Par contre je me suis déposée au presbytère, un moment, pour retrouver un peu de moi et d’apaisement dans ces derniers mois fracassés. 

Quelques instantanés, pour le plaisir. L’odeur des matins frais ensoleillés, de la crotte de poule qui colle aux pieds, du feu de bois et de la fourrure grasse des moutons. 

Parce que le Presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat. 












jeudi 30 mai 2019

Transports intimes

Métro 17h10 siège de quatre côté couloir voisin à gauche voisin en face un siège vide de la musique dans les oreilles Dead Can Dance

                                                   Il a de beaux doigts des ongles propres une bague il doit fumer des cigarettes roulées son odeur est légèrement parfumée c'est agréable il fait quoi dans la vie peut-être de l'Amsterdamer ah merde pas lui par contre le contraste c'est une petite peau arrachée sur son pouce qu'est-ce qu'il lit ça n'a pas l'air récent la couverture est abimée drôle de tête les mains chez un homme ou les avant-bras comment ça s'appelle le radial non le grand palmaire ça le fait rire je n'aime pas mes mains j'ai les doigts gonflés là putain je suis fatiguée quelle merde cette maladie je me sens seule solitude solitude solitude arrête de répéter ce mot bordel sollicitée mais pas entendue putain je ressasse je vais en parler jeudi mais vas-y décale toi autocentrée c'est con d'écouter des chansons tristes quand on est un peu triste j'aime bien celle-là les premiers mois avec lui c'était bien ce petit jardin j'aimais bien ces carrelages éparpillés la petite table comment il est maintenant et l'arbre aussi elle me manque elle était vraiment belle j'aurais dû la garder j'aurais dû m'en foutre elle m'avait prêté le cd c'était chouette de prendre une bière avec elle est-ce qu'elle va trouver une réponse à sa question est-ce que j'ai eu les bons mots c'était pas vraiment la même question ou alors pas dans la même temporalité je peux quand même pas les reprendre ils pensent à quoi les autres ils pensent ou ils pensent pas peut-être qu'ils pensent aux autres qui pensent et que tout le monde se pose la même question elle a l'air de rêver il révise j'étais vraiment nulle pour m'organiser à l'époque faut que j'arrête de regretter ce choix elle a l'air fatigué il a l'air d'un comptable non d'un fonctionnaire il pense à des chiffres est-ce que c'est possible peut-être qu'en fait il est gentil ou sensible faut pas réduire les gens à leur gueule un peu non c'est quoi leurs histoires peut-être qu'elle pense à lui et toi est-ce que tu penses à moi là maintenant ce serait dingue ce n'est pas une bonne idée il est trop jeune comment elle peut ne rien voir ça me rend dingue oh je m'en fous tant pis carrément pas impossible de lui donner un âge il a des ados peut-être elle a cette moue on dirait que ça pue ben non elle a les yeux tristes non ils sont humides peut-être un rhume non tristes elle a remis du rouge avant de rentrer c'est pas possible que son rouge tienne encore hum cette odeur elle me fait penser à lui faut que j'arrête avec ça je la fais rire mais faut que j'arrête avec ça putain j'ai oublié de déposer le rapport demain ça ira encore je sais pas si je crois bien je pensais à quoi déjà putain mec comment tu ne me vois pas faut que j'arrête avec ça je pourrais toujours écrire pour sortir ce truc elle t'a dit de le faire je sais pas je pourrais en faire un truc marrant non je pourrais cracher sans rien dire c'est pas possible ça écrire à l'inverse de soi putain je vois pas comment on se disait quoi déjà pleinement non pas pleinement intensément est-ce qu'il a compris ce que je lui ai dit merde il va penser que je parlais de lui bordel je ne réfléchis pas assez avant de parler ah non c'était intensément et spontanément mais non ça fonctionne moins bien est-ce que je lui écrirais non je vais m'embrouiller ce serait vraiment bien si je fermais les yeux très fort et mais pourquoi je pense à son cul maintenant putain marteau rouge carré vert est-ce que ça marche n'y pense pas n'y pense pas n'y pense putain c'est bientôt mon arrêt il va pas bouger lui faut que je coupe mes cheveux c'est quoi c'est du rimmel non des cernes non du rimmel pas de crayon demain pandi panda je peux pas répéter ça à l'infini je fais ce que je veux dans ma tête ou c'est moi qui ne te comprends pas

mercredi 29 mai 2019

Le manège

Tu te refuses à voir.
Je me refuse à oublier. 
Tu dis qu’il n’en est rien. 
Je te raconte pour faire exister. 
Tu te détournes.
Je claque la porte, lassée. 
Tu as besoin.
Je plie pour te garder. 
Tu reviens.
Je pars m’oublier. 

Parfois je fais semblant. Toi aussi.
Parfois j’y crois. Pas toi.
C’est toujours bon. Des fois.

Petit manège qui se fout de moi. 
Tu me fais vibrer. 

samedi 22 décembre 2018

Espérance

- Two can keep a secret if one of them is dead -

Dans la boîte aux secrets il y en a de lourds à porter. On les garde loin, profondément enfouis en espérant qu’ils deviennent même des secrets pour nous. Ils sont douloureux. Ils nous envahissent. Ils creusent parfois le sillon de ce que nous sommes. S’en défaire peut être impossible sans perdre une partie de soi.

Il y a des secrets qui sont de petits enfers personnels. Ni méchants ni vilains, on s’empêtre pourtant dedans. Ils vous collent aux doigts, dans la tête. Parfois ils nous font honte. Ceux-là sont faits de la curiosité qui a tué le chat.

Il y a des secrets que l’on ne veut pas s’avouer. Les mains sur les yeux et le cœur cadenassé. Ceux-là sont faits de nos hésitations et de nos choix, parfois inconséquents. Ils sont faits de serments absolus ou non tenus.

Il y a des secrets doux comme le miel et piquants à la fois. Ils ont le goût de lèvres chaudes. Ils ont le goût de l’envie avec une pointe d’interdit. Ils vous réveillent avant l’aube et vous font vibrer le corps.

Il y a des secrets que l’on berce plus tendrement que d’autres. Plaisirs coupables ou idiots, que l’on peut goûter à loisir. Ils sont faits de regards détournés et de sourires narquois, qui ne sont destinés qu’à nous mêmes.

Il y a les secrets que l’on garde, encore un peu, pour laisser aux enfants le temps de grandir. Ces secrets-là sont faits de regards complices, de rires étouffés entre les doigts et se transmettent avec tendresse.

J’aime à croire que chacun est libre de garder sa boîte bien précieusement. Mais, si pour ma part je venais à l’entrouvrir, je tâcherai de ne rien oublier au fond.

samedi 17 mars 2018

Mon mari

Il y a 594 jours j’ai épousé un mec. Maintenant je lui donne du mon mari mais c’est toujours mon mec en fait. Au milieu de ma rhino-pharyngite, quelques heures avant de sauter le pas, je lui avais écrit une petite bafouille. Chevrotante d’émotion et de Retsina je lui ai finalement bredouillé tout ça devant témoins. C’était un fort beau jour pour le faire. Un beau jour pour dire je t’aime au mec qui m’a épousée en me donnant pour première qualité l’intégrité. 

Cet aprèm, entre deux rédactions pour le boulot, je suis retombée sur mon draft. Ceux des funérailles de mes grands-parents aussi. Mais ça c’est une autre histoire pour un autre jour. Bref. J’ai eu envie de relire un peu d’amour. C’est un moment agréablement quelconque pour le faire. Et le 1er juillet 2016 ça donnait ça...

«...Je le fais ce discours. Pas trop sûre de moi ni de ce que tu vas en penser. Est-ce que c’est déjà trop pour toi? Est-ce que tu l’attendais? C’est un peu comme notre histoire. On tente le coup, jamais de certitudes et puis on voit quoi.

Quand on a dû mettre en quelques mots, pour la commune, tout ce qui nous faisait, on a ri comme des cons. C’est rassurant de savoir qu’on n’y est pas vraiment arrivé. Nous ne sommes pas réduits à des anecdotes. Nous sommes une anecdote sans fin. Mais ça m’a fait du bien de me souvenir de ce qui nous a construits pendant 17 ans. Et ça m’a fait marrer de voir que nous n’étions pas d’accord - bon j’ai aussi un peu fait la gueule après, rien d’étonnant.

Elle est faite de ça cette histoire. On ne voit pas la même chose, on ne ressent pas la même chose mais dans l’ensemble ce truc qui fait “nous” tient la route. Tu ne réponds jamais ce que j’attends. Je refuse de te donner des évidences. On se rate tout le temps et c’est peut-être une façon de nous trouver.

Tu ne tolères pas ma folie mais tu vis avec et tu en retires parfois un certain plaisir. Tu n’acceptes pas tout ce que je suis et c’est bien comme ça. Je sais de toi que tu es solide et patient. Tu m’attends. Quand je m’égare, tu attends. Et quand je reviens, un peu perdue, tu es là, avec un sourire - même s’il est un peu narquois. Alors moi aussi je souris. Et je ressens un immense apaisement. Je pense souvent que tu ne me comprends pas, j’en suis même certaine. Et puis tu me surprends. Parce que “tu as compris”, “que tu sais”. Et là aussi c’est un apaisement. Savoir qu’il y a quelqu’un avec qui je peux être moi. Je m’en étonne toujours et je ne compte pas y remédier, c’est une surprise délicieuse à chaque fois.

Je ne te facilite pas la vie. Je te pousse toujours un peu plus loin que ta zone de confort. Je te pousse mais je ne te lâche pas. Tu le sais, hein? Je ne te laisse pas te contenter. J’exige mieux, je veux de la précision et de la justesse dans les mots. Alors on gueule fort, parce qu’on est d’accord mais pas sur la façon de le dire.

On gueule c’est sûr. Je gueule c’est sûr. Et puis je chiale et je fais du bruit. De ton côté c’est le silence assourdissant - et profondement agaçant. C’est parfois difficile, même quand on aime, d’accepter l’autre pour ce qu’il est et de le respecter. Que dire? Après tout, c’est en se disputant qu’on a scellé notre histoire. 

En 17 ans on a traversé pas mal de trucs, certains étaient bien, d’autres vraiment pourris. Je ne crois pas que le pire soit derrière ou devant. Mais avec le temps, je me dis qu’on peut la contre – et que très sûrement on a cette volonté de le faire ensemble. Nos différences nous enrichissent, nos oppositions nous font grandir. Et nos ressemblances nous font aller de l’avant. Nous sommes parfois un paradoxe qui nous fatigue mais très certainement nous évite l’ennui.

Au milieu de cette histoire on a réussi à faire des filles magnifiques. Je ne te raconte pas, tu sais. Quand je les vois tourner autour de toi j’ai envie de chialer d’amour. Je ne le dis pas souvent mais t’es vraiment un bon père.

Lacan disait qu’on ne sait pas nommer ce qui fait que l’on aime l’autre. Alors bon on dira à la grosse louche que t’es pas mon meilleur ami, que t’es beau comme un Coeur, que t’as les yeux qui rient et des bras costauds, que t’es l’homme de ma vie. Et tu me fais rire - ça personne ne va le croire. Il y a toujours eu des rires. Je ris dans l’intimité avec toi comme je ne ris avec personne. J’ai ri avec toi à la maternité. J’ai ri pendant nos voyages. J’ai même ri par-dessus un cercueil. Je ris sous cape avec toi au milieu de la foule quand, sans te regarder, je sais ce que tu penses. Je ris parfois de toi, même quand tu ne ris pas, parce que je sais que tu vas en rire plus tard. Et je suppose que demain on rira de ce mariage.

Ce discours n’a pas de fin, comme notre histoire... ».

Embrasse moi idiot, c’est beaucoup mieux que des mots. 

mardi 15 août 2017

Summer vibes #2 La cabane du pêcheur

En été il y a deux semaines sacrées. Celles où nous partons à quatre. Quoi qu'il arrive. C'est à la fois intense et intime. Avec parfois des tempêtes puis des 'grand beau fixe'. Mais quoi qu'il arrive, à quatre.

Va savoir pourquoi, c'est dans cet endroit entre terre et mer. Dont les filles parlent avec envie et nous avec nostalgie.

...là-bas tu vis presque nue, les pieds dans le sable. Dans ta valise, des livres. Là-bas il n'y a pas une voiture à l'horizon et pour trouver le bonheur il faut marcher dans les rochers, quitte à tomber et te faire vachement mal, à l'égo surtout. 

...là-bas tu regardes tes enfants qui courent le long de la petite baie, en sautant dans les vaguelettes. Elles scrutent le fond de l'eau à la recherche de bernard-l’ermite et leur construisent des maisons. Elles plongent sans peur pendant des heures ou n'y mettent qu'un orteil, parce qu'elles ne sont pas pareilles. Elles attrapent des poissons aussi jolis qu'étranges et caressent des poulpes. Elles font avec leur père des châteaux de sable si beaux que les touristes les prennent en photo.

...là-bas tes enfants croisent d'autres enfants et ils deviennent amis le temps d'un été. Les adultes bienveillants les regardent en souriant. Parce que ton cœur te dit tout bas que c'est ce que tu as toujours voulu pour elles. Leur donner le goût du bonheur, de l'insouciance et du temps élastique. Leur donner des souvenirs à chérir. 

...là-bas tes enfants te réclament le coucher du soleil, les yeux perdus dans l'écume des vagues et les rêves de marins débutants. Elles courent - "encore un peu maman" - sur la plage dans la lumière qui décline et elles rient du chien qui plonge pour attraper les balles de sable.

...là-bas tu savoures l'apéro sur la terrasse, le corps heureusement fatigué, la peau fraîche qui embaume les huiles essentielles ou l'après-solaire. Les cheveux gardent, en dépit des rinçages, le sel de la mer. Tu regardes ton mec, sa peau bronzée, le cheveux blanchi, les yeux qui rient. Il te regarde aussi. Il est amoureux de l'endroit. Tu es amoureuse de lui.

...là-bas tu croques les fruits frais dont le jus te coule sur le menton et te colle aux doigts. Dans ton assiette les restes grillés d'une pêche miraculeuse et chaque repas devient une aventure culinaire quand ton apprenti capitaine te raconte son voyage sur la grande eau.

...là-bas tu rencontres des gens formidables, ou ordinaires qui sait, mais avec qui tu partages l'amour de cette terre accrochée à la mer, qui ressemble terriblement à une île sans l'être. Tu parles longtemps, à la lumière des étoiles et des bougies, de ce que c'est d'être un rêveur devenu adulte et de porter les rêves de nos enfants.

...là-bas tu fais l'amour tard dans la nuit, avec la fenêtre ouverte qui laisse entrer la brise marine et les restes de fumée d'un barbecue, dans des draps aussi ensablés qu'une plage. Tu dors peu, souvent réveillée par les cris des goélands et des plongeurs qui partent tôt. Ce n'est pas grave, il y aura la sieste dans la chaleur cuisante de l'après-midi, avec la berceuse du chant des cigales et du clapotis des vagues. 

...là-bas tu oublies doucement tout ce qui te bouscule, te fait peur, t'encombre. Un vide bienvenu que tu ne cherches pas à combler. Un peu de silence et de paix. Tu peux perdre ton regard pendant des heures entre les rochers et l'eau, à contempler les jeux de lumière et le ballet des oiseaux.

...là-bas ça ressemble un peu à un film d'auteur avec des gens comme des caricatures et des émotions crues, avec un soleil qui brûle la peau, avec une cigarette qui grésille et rougit dans la nuit et des gouttes qui perlent sur les bouteilles fraîches. Là-bas c'est la magie de l'éphémère et le désir de l'absolu. 

Bien sûr il y a des disputes, des piqûres de moustiques, de méduses et d'anémones. Il y a des chutes et des larmes à consoler. Des biscuits tombés dans le sable et des enfants qui doivent faire pipi. Il y a des envies de sauter du kayak et partir loin à la nage sans jeter un regard en arrière. Il y a des déjeuners ronchons et du café dégueulasse. Quelques persiflages entre les dents aussi. Juste assez pour faire partie de cette poésie et pas assez pour la tuer.

Il n'y a pas de fin à cette histoire. Le prochain départ est déjà inscrit au calendrier. Je l'espère fait de vent, de gros pulls, de feu de bois et du doux soleil d'hiver.

dimanche 13 août 2017

Summer vibes #1 "qui perd gagne"

Donc les enfants sont revenues de leurs vacances et les nôtres ont pris fin.

En bref,

* mes filles ne m'ont pas manqué une seconde (c'est un gros mensonge)
Mais...
* dans 1/2 heure ce ne sera plus un mensonge.
* on n'a plus 20 ans et j'en ai pris 10 dans la gueule à vouloir l'oublier.
Mais...
* j'ai pleinement savouré de retrouver des souvenirs enfouis
Parce que...
* il y a des choses qui deviennent meilleures avec le temps
Et que...
* lâcher prise c'est chouette
Sauf que...
* avoir un matelas pour amortir la chute c'est mieux
* autre chose que de l'alcool dans le frigo peut s'avérer utile
* dormir est un bien nécessaire à ne pas négliger
Et si...
* choisir la voie du milieu c'est une philosophie, encore faut-il ne pas se prendre les murs (voir point suivant)
* l'alcool c'est mal
Du coup...
* parfois sur le fil du rasoir on dit des trucs qu'il ne faudrait pas
Mais aussi...
* parfois sur le fil du rasoir on se dit des trucs vraiment chouettes
* parfois on fait des trucs vraiment marrants
Et alors ton mec te dit...
* lundi c'est régime sec (sec comme le rhum, j'y crois)

Re-bref...
* j'avais des drafts pour 3 articles, je n'ai pondu qu'une liste (oufti, avec peine en plus)
Mais parfois...
* j'emmerde mes projets à la con et mes bonnes résolutions.

vendredi 19 mai 2017

- Insomnie -

Il y a des jours où je cherche l'étiquette parce que j'ose croire qu'elle sera la solution. 
Désespérément. 

On peut se tartiner ou s'enduire de dépression, de nostalgie, de fatigue, de charge, de blues, de surmenage. Même de maladie. Mentale et physique. Des étiquettes. Que je colle et décolle.
Désespérément. 

Quand les journées semblent interminables sans même avoir commencées. Quand l'anxiété submerge tout sens commun. Quand la peine est si forte que les larmes sont difficiles à retenir. Quand on a envie de respirer avec une corde au cou. Quand on a tellement honte qu'on fait semblant. Quand pas un mot de l'autre ne semble pouvoir nous atteindre. Quand le masque est tellement grotesque que seule la politesse permet encore de le faire tenir. Quand on pousse le plafond de verre sans pouvoir le traverser. Quand on a envie de hurler avec l'espoir de le briser. Quand la violence contenue est si forte qu'elle nous immobilise. Quand la nostalgie est si forte que les bonheurs du jour ne peuvent combler cette envie de fuir. Quand l'envie de s'assumer est paradoxalement aussi forte que l'envie de vivre dans le déni. Quand tout est insupportable. Quand on avance malgré tout avec une confiance aussi aveugle que désespérée. Et toutes ces choses qu'on se dit tout bas, si bas, pour ne même pas l'entendre de soi. 

Et parfois, quand on se sent si bien, si chanceuse, que le désarroi n'en est que plus grand quand les nuages sombres nous rattrapent. Et la solitude infinie du sentiment que cela ne finira jamais. 

Il y a des jours comme ça. Avec un arc-en-ciel dans la tête. 

jeudi 8 décembre 2016

3615 Ma Chatte

Bon c'est officiel, j'en ai marre. 

Je n'aime pas les blogposts coups de gueule mais là j'en ai marre. Sans doute une overdose d'articles politiques, informatifs, militants ou poubelles. Peu importe. Je dégueule sur les articles concernant Hamilton et ses photos. C'est qui le coupable blabla blabla. C'est de l'art blablabla. Mais c'est l'époque qui veut ça bla-bla-bla. Je dégueule sur les articles concernant le nouvel amendement Heartbeat en matière d'avortement aux USA. Aux USA, mais ici, là-bas, quelle que soit sa forme. Forme, faut-il le dire, souvent édictée par des culs-serrés, des frustrés, des violeurs, des abuseurs intra familiaux, des ultrareligieux. Je dégueule sur les articles des politiques annoncées des candidats de (presque) tout bords, de presque tous pays. Ils représentent le recul face à des combats si chèrement remportés. Faut-il encore et encore y revenir? Je dégueule sur le nombre de femmes violées, abusées, vendues, exploitées. Je dégueule sur nos mentalités européennes qui nous font croire que nous ne sommes pas comme ça, "nous". Je dégueule sur la déresponsabilisation des coupables et la recherche de la faute chez les victimes. J'en ai marre de faire partie d'une minorité et j'en ai marre des minorités exploitées. J'en ai marre que le vagin - le mot et le calice - soit l'objet de tant de méfiance, de tant de violation et de si peu de respect. Ce mot si difficile à prononcer en termes d'amour pour la plupart et si rapide à venir dans l'insulte. J'en ai marre que tant de désir mène à tant de destruction. Je ne me suis pas réveillée féministe ou avec un trop plein d'hormones, merci de chercher l'explication ailleurs. Parce que féministe ce n'est pas une insulte. Et mes hormones c'est ce qui te fait bander. Fais chier! Marre de la politique de la peur du vagin, marre de lire qu'on décide à ma place de ce que je veux faire de mon utérus, que même des femmes s'arrogent le droit de penser pour moi. J'en ai même marre de crier que putain j'aime ma chatte et que j'en suis fière. Marre de crier que j'aime être une femme parce que cela fait de moi une forte, une force. Marre parce qu'en être fière m'oblige à reconnaître qu'il y a des différences dont je dois me défendre plutôt que de vivre paisiblement et amoureusement avec. J'en ai ras-le-cul, ras-la-chatte. Je ne sais même plus ce que je dois détester, j'en perds mon second degré. Je n'ai pas envie de voir les décérébrés relativiser qu'on embrasse des seins chez Hanouna ou qu'on attrape les femmes par la chatte chez Trump. Je suis en rage de devoir apprendre à mes filles à être prudentes et raisonnables et de me demander si les mères des garçons qu'elles côtoient se donne la peine de leur inculquer les notions de respect et d'égalité. Je me demande si je suis parano ou réaliste quand je retiens mon souffle à 23h dans le métro en voyant monter un groupe de mecs éméchés. Je m'égare, dois-je maigrir pour moi, ma santé ou pour l'image? Me faire belle pour qui? Je réponds à des dictats ou à des désirs? Je ne sais même plus ce que veut dire d'être une femme quand le prix à payer est celui des autres. Alors j'ai des envies de couper des couilles et sectionner des canaux. Et je ne me reconnais pas, moi, qui dis et redis à l'envie de vivre et laisser vivre. Je voudrais dire peace and love mais je ne peux pas quand tant de cons me disent quoi faire du mien. Et je me dis que tous ces cons sortent toujours de celui de leur mère. La boucle est bouclée. 

Voilà quoi. 

samedi 22 octobre 2016

Le sel de la mère


Et donc je suis partie en vacances sans mes enfants. Huit jours. Complets.

Pour la première fois depuis sept ans je n'avais que moi pour unique objet d'occupation et de préoccupation. Assise dans le métro, dans le train, dans la camionnette, face à la mer, je me suis demandé si je serais capable de faire quelque chose de tout ce temps. Je me suis même demandé si je serais capable d'intégrer cette idée et de prendre ce moment pour ce qu'il était. De me laisser ressentir cette étrange sensation de flottement. De liberté?  

Je me suis dit que j'allais panser mes blessures, penser mes envies, récupérer. Que j'allais enfin nettoyer, faire le vide. En vrai je n'ai rien fait. Rien. Au final il n'y a pas eu de remise en question ni de grandes révélations. Juste pas mal de pas. Pas de pression, pas d'horaires, pas de sollicitations, pas de décisions.  

J'ai laissé couler les heures. J'ai regardé les vagues. J'ai écouté le vent et les goélands. Il y a eu un peu de poésie, du poisson frais, une tempête, de la contemplation, du silence et beaucoup, beaucoup d'amour. 

Je suis revenue, toujours mère de mes filles. Avec cette petite lumière en plus, celle de la mère ressourcée. C'est que finalement le rien est parfois fait de plein de bonnes choses.

vendredi 21 octobre 2016

La braise

J'allais l'écrire, encore une fois laisser la place à cet ennemi invisible. Celui qui me rend prisonnière à l'intérieur de moi-même.

Puis.

Je me suis rappelée les mots que j'avais prononcés hier soir. A la table il y avait des amies et du vin. Et moi, éveillée. J'ai dit que je ne voulais pas être prisonnière. J'ai dit que ma vie était belle. J'ai dit que j'avais des amis formidables et un mec incroyable. J'ai dit comme mes filles étaient magnifiques.

Je n'ai pas menti.

Pour ce matin je vais souffler sur les braises de la veille qui couvent encore.

J'ai dit ma vie est belle.

vendredi 12 août 2016

Et le silence

Parfois on traverse des déserts. Ils ne sont ni vides ni silencieux ni apaisants. Mais on y est fort solitaire quand même. Dans mes déserts il y a des mots qui se bousculent, l'envie de dire et toute l'impossibilité à être. Il y a de la peur et de la honte aussi. Alors on se met à faire du bruit pour tout recouvrir, on s'agite pour faire disparaître. Du coin de l’œil on entraperçoit d'autres marcheurs emplis de solitude mais chacun poursuit sa route. Comment lui dire à cet autre quand on sait que l'équilibre est parfois si fragile. Quand on sait que les mots peuvent sauver comme faire voler en éclats. Savoir n'est pas guérir. Parfois, au milieu du bruit, émergent les mots. Enfin. Et des mots émerge un chemin. On sort du désert. On se demande ce qu'on a été y faire, comment on a pu s'y perdre à nouveau, encore et encore. On sait aussi qu'on y retournera parce que c'est dans notre nature. Mais d'ici là on s'abreuve de vie. On chérit notre soif. On s'oublie un peu, un tout petit peu, dans un grand silence, pour mieux se trouver. 

mercredi 15 juin 2016

Ce matin

Comme toujours j'ai pensé au wagon. Le 3ème ou le 4ème? C'était le 3ème. Mais comme il y avait un musicien et que je n'avais pas envie de me priver de ma propre bande son, je suis montée dans le 4ème. 

Je suis montée dans mon wagon de manière royale. Je ne sais pas pourquoi mais c'est le mot qui convient le mieux à mon sentiment. Audacieuse, enthousiaste, sûre de moi. Puis je me suis regardée dans la vitre et je me suis dit que j'étais simplement moi. Je ne sais pas si c'était bien ou pas.

J'ai vu un jeune homme très mignon. Moins mignon que celui de la veille mais tout de même. Je me suis demandé si j'avais un style d'homme dans le métro. Le genre qui ne me plaît que dans les wagons de métro. Ils se ressemblaient assez ces deux là. Je me suis dit que je n'avais jamais vraiment eu de relations avec des hommes comme ça. Pas vraiment est-ce que c'est un peu?

Il y avait cette femme à côté de moi qui ne sentait vraiment pas bon de la bouche. Je me suis demandé si elle avait fumé avant de prendre le métro ou bu un café. Ou si elle ne s'était pas brossé les dents. Peut-être simplement qu'elle n'a pas bonne haleine. J'ai eu très envie qu'elle cesse de bailler. Quand même.

Ce matin dans mon métro il y a eu pas mal de pensées décousues. C'est souvent le cas.

J'ai pensé à toutes ces souffrances que je croise dans mon boulot. Et je me suis dit qu'elles percolent à travers moi. Je me suis demandé quelle part d'elles reste en moi. Un peu trop sans doute mais pas celle qu'on croit. J'ai pensé à mes dernières larmes versées et à toutes ces blessures secrètes qui sont ravivées par des mots innocents. Et toute cette peine encore une fois. Le désarroi de ceux qui la causent et de ceux qui la ressentent.

J'ai fait des ébauches de discours. Pour bientôt. Pour toi mon amour. Et aussi tous ces mots qui n'attendent que d'être déposés sur le clavier. Alors j'ai pensé au temps qui file. Comme ma rame de métro qui arrive à bon port. J'ai pensé à ces rames de métro et ces gens qui n’arriveront plus jamais. Je me suis demandé si quelqu'un avait nettoyé les larmes des visages de Maelbeek ou si je les avait rêvées ? 

J'ai regardé la foule pressée des matins à Arts-Loi, à la recherche des êtres qui me manquent. Comme si dans cet anonymat il était encore possible de les entrevoir. 

J'ai pris mon Latte, je suis rentrée dans cette foule à mon tour et j'ai commencé à travailler. 


*******************


La bande son du matin: Free Bird de Lynyrd Skynyrd, David de Noah Gundersen et La Plume de Louise Attaque. Un peu en boucle. 


jeudi 26 mai 2016

B-I-N-G-O

 Je cours et je n'ai pas le temps. Je cours parce que je veux bien faire. Parce que tu m'as demandé un service et que j'ai dit oui. Parce que tu m'as proposé et que j'ai dit oui. Parce que je dois, je n'ai pas le choix. Parce que je veux, j'ai envie. Mais je ne te rappelle pas. Je ne réponds pas à ton message. J'oublie de t'écrire comme promis. Je pense à toi, tout le temps. Mais jamais je ne te le dis. Je cours, je cours et je n'ai pas le temps. Je veux répondre à tout et tout le monde. Mais je n'ai pas le temps. Et je me sens mal. J'ai mal au ventre. Je m'en veux. Je culpabilise. Je prends sur moi de ne pas prendre le temps.

Mais voilà.

Parfois j'ai envie de ne rien faire. Et si par hasard c'était ton tour dans la file d'attente des amis à ne pas décevoir, tu vas être déçu. Alors j'ai mal au ventre, encore. Ma vie est un immense calendrier dont je coche les cases frénétiquement. Et je suis fatiguée. Je te l'ai dit, je pense à toi mais ça non plus je ne prends pas le temps de te le dire. Et quand j'ai 5 minutes pour moi, ce ne sont pas 5 minutes pour toi. Parfois, pendant ce temps là, je gobe des mouches en regardant l'herbe qui pousse.

Je te dirais bien que c'est parce que j'ai des enfants mais je ne voudrais pas que tu croies que c'est un poids ou un problème pour moi. Je ne voudrais pas que tu croies que mes enfants sont un rempart d'excuses. Parce que s'il y a bien un temps que je ne sacrifie pas, c'est celui-là.

Alors bon, on dira juste que c'est comme ça.

Si par hasard dans le Bingo des bons moments on arrive à croiser notre ligne du temps, on ne le perdra pas à s'excuser de tout ça. On sera là, ici et maintenant. N'est-ce pas?

lundi 28 mars 2016

12-13/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Une croqueuse de framboises
Alma: Une boudeuse de salon

Les filles et la chasse aux oeufs au Clos de La Butte. 
Je ne me lasse pas du regard de Lola vers son père ni de l'enthousiasme d'Alma. 

mardi 22 mars 2016

Trauma

 ...Tu vas me revoir Mademoiselle Bruxelles
Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu
Je serai abattu courbatu combattu
Mais je serai venu.

Bruxelles attends moi, j'arrive...


Ce matin j'étais à Maelbeek. Comme tous les matins. Trente minutes ou vingt minutes avant que la bombe n'explose. Je ne sais pas. 
Ce matin mon oncle et ma tante étaient à Zaventem. De retour de voyage. Trois minutes avant les tirs et les explosions. 

Les minutes peuvent être des heures. Aujourd'hui elles me semblent être des secondes. Qui auraient pu tout changer. 

Je n'ai pas eu peur pour mes enfants. Ils étaient en sécurité derrière une porte fermée à clé. 
Je n'ai pas eu peur pour moi. Même à 500 mètres du drame. 

Mais toute la journée j'étais dans le bruit des ambulances et des sirènes. Dans les cordons de plastiques qui nous indiquent que le drame est là et qu'on ne peut pas aller plus loin. 

Chaque matin, depuis trop longtemps, même fugacement, je me demande dans quelle rame je dois monter. Devant? Au milieu? Derrière? Est-ce que "ce" sera à Schuman ou Maelbeek? Arts-Loi?

Ce matin j'étais au milieu, je suis descendue à Arts-Loi. J'ai regardé les militaires et je me suis dit que c'était bien triste de vivre en état de peur. Je me suis dis que j'étais ridicule. Et j'ai commandé mon Latte, comme tous les matins. 

Mais ce n'était pas un matin comme les autres. Et mes questions ont trouvé des réponses. Ce mardi 22 mars 2016 il ne fallait pas monter au milieu et c'était à Maelbeek. 

Et je me dis si. Si j'avais conduit mes enfants ce matin. Si j'avais lancé une machine à laver ce matin. Si j'étais passée au Carrefour ce matin. Si j'avais pris ces vingt petites minutes en plus, juste ce matin.

Je ne suis pas prête à en rire. Je ne peux pas encore me dire que je suis ridicule. Je ne peux pas encore me dire que je n'ai pas peur. Cette pensée latente est devenue une réalité. Je rends les armes, je ne vais pas faire semblant. Je suis sous le choc.

Je contiens encore un peu mes larmes parce que mes enfants sont avec moi. Je contiens encore un peu mes larmes parce que je me trouve idiote - après tout je vais bien, mes proches vont bien. Mais je sais aussi que prendre le métro ne sera plus jamais tout à fait pareil. Maelbeek ne sera plus jamais tout à fait pareil. 

Savoir ne fait pas l'affaire. Être averti ne met pas à l'abri. Parce qu'on ne peut cesser de vivre. Ni de penser. 

Là tout de suite je ne regarde pas les informations et je ne lis pas les nouvelles. Je m'occupe des quatre enfants, les miens et ceux d'une amie. Je les ai pris chez moi parce que leur maman est coincée dans le chaos bruxellois. Et ça me fait du bien d'être cette porte ouverte. On dessine en regardant des dessins animés. On mange beaucoup trop de chocolat. Je me fous des devoirs et de l'heure du repas. Je me réjouis de l'amour et de la solidarité. 

Mais je me demande comment prendre ce métro demain. Alors quand les enfants seront couchés je regarderai les nouvelles jusqu'à en être dégoutée pour exorciser, je boirai du vin et je ferai l'amour. 


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J'ai été très émue du souci manifesté par mes amis, parfois très loin d'ici - celui de ma soeur dès les premiers instants. C'est un baume au coeur, un onguent pour l'âme. 


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Au milieu de tout ça je pense aussi aux réfugiés qui fuient les horreurs d'une guerre, générant une peur que je ne peux même pas concevoir. Je pense à ces routes que je ne veux pas avoir à prendre. Ces routes sur lesquelles ils meurent, abandonnés. Ces routes sur lesquelles notre humanité meure un peu plus chaque jour. 


mardi 15 mars 2016

11/52



A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Elle fait un commerce redoutable avec la petite souris - Et de 7!
Alma: Le thème de la semaine à l'école, la ligne verticale.

mercredi 9 mars 2016

10/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Elle a réalisé une roue musicale (mais ça pourrait bien être tout autre chose aussi). 
Alma: On travaille courageusement et patiemment au sevrage de la tutu. Très patiemment.

dimanche 28 février 2016

8-9/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Jardinage avec le père / Main basse sur les cailloux de sa mère
Alma: Son sacré regard / Répit

Un petit manquement au rendez-vous hebdomadaire la semaine passée. Le ciel était lourd, gris, j'étais fatiguée et les filles agitées. Je n'ai pas eu envie. Je n'ai même pas fait semblant. Cette semaine le soleil pointe son nez et j'ai remis la main sur mon Canon. On ne change pas une équipe qui gagne. Finalement. 

mercredi 17 février 2016

7/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Elle est ma jolie petite sirène.
Alma: C'est à la brosse qu'on nettoie la peinture.

mardi 9 février 2016

6/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Goûter du dimanche, au coin du feu, des restes de couque au chocolat, des Petits Poneys et des dessins animés. J'ai envie de me blottir des ses bras. 
Alma: Le Spider Blues du soir. Parce qu'on peut être un super héros et avoir une tutu. Elle ne quitte son déguisement que pour son pyjama...Spiderman.  

Cette année semble se dessiner doucement. Pas de prises photos au Canon chéri mais plutôt avec mon téléphone. La netteté laisse à désirer mais pas la spontanéité. Un shot par semaine, moins de séries où il est difficile de choisir. De vrais instantanés.


dimanche 31 janvier 2016

5/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Je lui a demandé pour faire ce portrait. Elle est venue volontiers, en riant, enthousiaste et habituée à l'exercice. Et pourtant, son visage ne reflète pas ce moment. Elle a l'air triste, ce qui est aussi son air de petite fille patiente, en attente ou à l'écoute. Et j'aime ce portrait aux yeux si noirs, où parfois je retrouve son père. Mon enfant sage.

Alma: Je lui ai demandé pour faire ce portrait. Elle n'aime pas que je la prenne en photo et ne se plie pas volontiers à cet exercice même 'pour faire plaisir'. Et pourtant, elle a ri, changeant de poses en rafales. J'aime ce portrait où sa soeur lui a dit de relever la tête et elle a pris la consigne à coeur (ou alors c'était sa soeur?). Mon enfant inattendue.

lundi 25 janvier 2016

4/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Mon adorable petite grignoteuse picoreuse. Elle est sérieuse avec ses frites, elle ne supporte pas que sa soeur salisse son ketchup avec de la mayonnaise. J'adore sa façon de piquer ses frites et dont ses petites dents les croquent, le nez retroussé. 

Alma: En route pour sa première invitation -officielle- à un anniversaire. Chez son amoureux ou pas son amoureux mais son copain sûrement. Elle était ravie de son après-midi, n'est-ce pas ça le plus important? Parce que c'est une grande maintenant.

lundi 18 janvier 2016

3/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Derrière cette (jolie) petite bouche pincée se cache une dentition où il y a plus de courants d'air que de dents. Ce qui occasionne de drôles de sourires et d'étranges prononciations. Et, à la grande joie de Lola, de nombreux passages de la Petite Souris qui a un contrat temps plein chez nous. 

Alma: Un réveil de sieste difficile et lent. Il aura fallu beaucoup de patience pour amadouer le petit chat sauvage, à coup de Nic Nac, de figurines de papiers assemblées par sa grande soeur et comme toujours un petit Scooby Doo ('vaire rare youuu' comme elle aime à le préciser dans son anglais le plus pur).

lundi 11 janvier 2016

Beau comme du Bowie

I still don't know what I was waiting for
And my time was running wild
A million dead-end streets
And every time I thought I'd got it made
It seemed the taste was not so sweet
So I turned myself to face me
But I've never caught a glimpse
Of how the others must see the faker
I'm much too fast to take that test

Ch-ch-ch-ch-changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Don't want to be a richer man
Ch-ch-ch-ch-changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Just gonna have to be a different man
Time may change me
But I can't trace time

I watch the ripples change their size
But never leave the stream
Of warm impermanence and
So the days float through my eyes
But still the days seem the same
And these children that you spit on
As they try to change their worlds
Are immune to your consultations
They're quite aware of what they're going through

Ch-ch-ch-ch-changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Don't tell them to grow up and out of it
Ch-ch-ch-ch-changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Where's your shame
You've left us up to our necks in it
Time may change me
But you can't trace time

Strange fascination, fascinating me
Changes are taking the pace
I'm going through

Ch-ch-ch-ch-Changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Oh, look out you rock 'n rollers
Ch-ch-ch-ch-changes
Turn and face the strange
Ch-ch-changes
Pretty soon now you're gonna get older
Time may change me
But I can't trace time
I said that time may change me
But I can't trace time













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Un lundi pluvieux, je suis inconsolable,
éperduement fascinée par cet homme de la réinvention permanente.

David Robert Jones - Bowie 
1947-2016

2/52


A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Lola: Elle a reçu l'ancien casque de son père. Elle ne le quitte plus  - à table, dans la voiture, en regardant la TV, ... - si ce n'est pour dormir ou prendre le bain. Le reste est en musique. La musique dans sa tête. 

Alma: Elle fait un clin d'oeil. D'un côté ou de l'autre, parfois avec une petite aide de son index, juste pour être sûre.

lundi 4 janvier 2016

1/52



A portrait of my children, once a week, every week, in 2016

Here we go again. Je pensais ne pas rempiler cette année. Ca demande discipline, même quand on a pas envie, même quand la lumière rend les clichés difficiles, même quand les enfants fuient la lentille. Comme l'année passée je me suis dis que j'en ferais un autre projet et puis voilà. J'y suis, j'y retourne. On verra de quoi 2016 est fait. 

Lola: Elle contemple la mer, perdue dans ses pensées, riant l'instant d'avant et celui d'après. Une pièce pour connaître son voeu. 

Alma: Elle est partie à la mer avec un sac remplit de petits bonhommes et de pommes de pin. Elle a ramassé des coquillages et trempé ses chaussettes. Elle a même goûté les moules meunières.

samedi 2 janvier 2016

Autant en emporte le vent


Le 2 janvier on est partis à la mer avec nos bonnets, nos gros pulls et nos bottes. Pour prendre l'air. On a marché le long de la plage et fait craquer les coquillages sous les semelles. On a ouvert grand la bouche pour manger l'air de la mer comme a dit l'Elfe. Un peu d'eau dans les bottes et de sable dans les ourlets. J'ai pensé à ma grand-mère qui aurait eu 96 ans aujourd'hui et qui ne cessera jamais de creuser dans mes souvenirs des châteaux de sables, que la mer n'aura de cesse de faire fondre. Furtivement j'ai eu envie de pleurer. Et puis. Les projets et les résolutions se sont envolés avec les goélands. Chacun a contemplé la mer pour y jeter ses souhaits et le vent a tout emporté avec son souffle profond et salé. C'est une nouvelle année après tout. 

Alors on a mangé des moules et des frites, fait du cuistax et gâté les filles, encore un peu. Sur la route du retour on a écouté très fort nos vieux CD pendant que les nains dormaient profondément à l'arrière. C'est bon d'aimer tu sais.

Ce soir j'ai les joues qui brûlent de sel et de vent. 

Je suis prête.